Consommer du papier
recyclé, est-ce forcément une bonne idée ?
Les actes écologiques volontaires demeurent suffisamment rares pour ne pas être salués, ni vivement encouragés. Encore faut-il ne pas se tromper de cible.
Pour une énorme majorité d’acheteurs et d’utilisateurs de papier, la solution, pour se donner bonne conscience écolo, consiste à adopter un papier recyclé. Et comment ne pas croire qu’on a fait le bon choix puisque les associations écologiques elles-mêmes ont utilisé et prôné pendant des années l’utilisation de papier recyclé ? "L’industrie papetière participe à la déforestation de la planète. Récupérons !", telle était leur argumentation. C’était faire un faux procès au papier. Les grandes opérations de déforestation tropicale n’ont pas pour objectif de fournir les papeteries - ces grands arbres aux fibres serrées sont inutilisables pour faire du papier - mais d’implanter de garnds domaines agricoles ou des complexes industriels. PAPIER RECYCLÉ ET GESTION DURABLE
Or il est prouvé que le bilan écologique global - la prise en compte de tout ce qui participe de la vie du produit, "du berceau à la tombe" selon la formule consacrée - du papier recyclé le place derrière le papier vierge. Pour quelles raisons ? Recycler du papier consiste à retrouver les fibres de cellulose, et elles uniquement, dans le but de les réutiliser. Or, à l’exception du papier buvard qui représente, avec toutes les pauvres caractéristiques physiques, optiques et mécaniques qu’on lui connaît, le papier dans sa plus simple expression, le papier n’est pas uniquement composé de fibres de bois. Les papiers d’impression, d’écriture ou de création utilisés en marketing direct constituent un mélange complexe et savamment dosé de fibres de bois, certes, mais aussi d’additifs minéraux et chimiques qui assurent la cohésion et les caractéristiques techniques de l’ensemble - celles-là mêmes, précisément, que vous recherchez pour supporter votre message. Ces papiers, vous les ferez imprimer et vernir. Autant de composants - charges minérales, amidon, colles, latex, encres, vernis, etc. - qu’il est donc nécessaire d’éliminer avant de pouvoir espérer réutiliser la fibre de récupération. Or, désencrer, raffiner, épurer, pollue et coûte cher en énergie ; de même, le transport des papiers récupérés vers le centre de recyclage aura son coût écologique. Les usines modernes, celle de Tarascon en particulier, fonctionnement en cycle fermée et ne rejettent rien dans la nature : l’image de poissons morts en aval ne correspond en rien à la réalité. (Ou alors, si l’on trouve des poissons morts dans le Rhône, c’est plutôt à cause de Marcoule, Pierrelate, Feyzin, Rhône Poulenc et autres Cadaraches) L’EFFET DE SERRE
C’est au niveau des gaz à effet de serre que le compte est le plus favorable au bois : la croissance de l’arbre fixe le carbone de l’air ; l’augmentation du taux de dioxyde de carbone dans l’air accélère la croissance des arbres (ils poussent deux fois plus vite en 2000 qu’en 1900) ; si les arbres n’étaient pas coupés, ils pourriraient en dégageant CO2 et méthane. Mais le fait d’exploiter les forêts double la quantité de carbone fixée : pendant que le bois ou le papier poursuivent leur seconde vie de matériaux, les arbres repoussent à leur place et fixent encore du carbone. De plus la pédogénèse forestière (fabrication du sol par l’humus) emmagasine encore du carbone dans le sol, jusqu’à 4 fois celui que l’on trouve dans les végétaux. C’est ainsi que la forêt productive européenne constitue un « puits de carbone » absorbant entre un tiers et la moitié des émissions européennes de gaz à effet de serre. Sans cette production de bois et de papier, le réchauffement climatique serait encore plus marqué. Même le bois énergie est préférable à l’abandon du bois sur place : la combustion ne dégage que du CO2, pas de méthane... PRIORITÉ A LA COMPLEMENTARITE Enfin, récupérer toutes les sortes de papier est impossible : il faut savoir que pelliculer un imprimé le condamne à ne plus pouvoir le recycler. De même, les papiers recyclés ont beau posséder des caractéristiques physiques et mécaniques intéressantes - notamment une bonne main -, ils ne peuvent convenir à tous les usages. La
consommation de papier augmente : et pour une fois, on ne s’en
plaindra pas ! C’est l’occasion d’utiliser : En
conclusion, c’est l’utilisation qui doit avoir la priorité
au moment du choix du papier. Et ce choix peut aussi raisonnablement
tomber : Mais le meilleur service à lui rendre serait qu’il gagne ses galons de papier "comme les autres", un papier dont il sera reconnu qu’il pourra répondre, avec autant de brio, à la meilleure économie : son emploi adapté avec le plus faible impact sur l’environnement. |