Couper des arbres pour couper le feu
Sans sylviculture, les jeunes peuplements forestiers résineux deviennent de véritables poudrières.

Combattre la broussaille ne suffit pas à éviter des feux catastrophiques.

Il convient aussi d'espacer les arbres, ce qui est également rémanents?

Sans sylviculture, les jeunes peuplements résineux deviennent des poudrières.

En effet, les incendies éclos dans des zones non débroussaillées risquent de prendre une ampleur incontrôlable dans de jeunes pinèdes , où les jeunes arbres constituent la quasi-totalité de la biomasse.

Enlever la broussaille ne suffit pas à éviter des feux catastrophiques.

Selon l'âge de la pinède, les travaux nécessaires consistent en un dégagement de semis ou de plantation, un dépressage des gaulis, une éclaircie des perchis et jeunes futaies (semis, gaulis, perchis sont des stades de développement de la pinède).

Il est nécessaire, également, d'élaguer les arbres conservés au moins jusqu'à deux mètres de hauteur.

De plus, il est nécessaire d'espacer les houppiers (les branches) des arbres même adultes pour éviter la propagation d'un feu de cimes, pour obliger le feu à redescendre vers le sol où l'attendent les pompiers et où aura été préparée une coupure de combustible (piste, labour, retardant).

D'ailleurs cette coupe permettra aussi de supprimer les arbres dépérissants car dominés ou malades et de régénérer une pinède vieillissante: il s'agit de la fameuse éclaicie "par le haut", propice aux arbres de lumière comme le pin ou le chêne, et qui a façonné la forêt française..

Le débroussaillement comprend maintenant ces travaux de sylviculture.

Cette possibilité nous est offerte par le code forestier qui prévoit, dans sa définition du débroussaillement votée le 6 juillet 1992 "la suppression des végétaux et sujets d'essences forestières et autres s'ils sont dominés, dépérissants ou d'une densité excessive de nature à favoriser la propagation des incendies".

Pour le pin blanc (dit aussi pin d'Alep), on peut retenir une distance de 5 mètres entre houppiers en bordure de la zone débroussaillée, 3 à l'intérieur, plus en cas de forte pente.

Pour le chêne vert, il est préférable de ne pas ouvrir les cépées (les touffes) mais de les espacer de 5 mètres au minimum: le débroussaillement alvéolaire est, là, le mieux adapté.

Pour le chêne pubescent (blanc), l'éclaircie est moins importante, ces arbres poussant naturellement moins serrés. L'enlèvement de la broussaille haute suffit à empêcher la combustion des houppiers.

Exemple de réalisation selon ces critères: 100 m3 de pins abattus sur 6 hectares de débroussaillement.

La valorisation de la forêt constitue la seule protection pérenne.

Tout l'espace naturel ne peut, et ne doit, être débroussaillé. Par contre, tout peuplement forestier a besoin de la main de l'homme pour croître et se perpétuer. La forêt vierge n'existe pas sous nos climats, la forêt méditerranéenne, fragile, a d'autant plus besoin d'entretien.

Cet entretien contribue à la Défense des Forêts Contre l'Incendie en:

- réduisant le combustible,

- facilitant l'accès des secours.

C'est pourquoi toute forêt doit, sous peine d'asphyxie, être périodiquement éclaircie.

Ces bois sont habituellement:
- soit récupérés par le propriétaire en tronçons d'un mètre,
- soit coupés en billons de 2 mètres, débardés par le propriétaire en bordure de piste, et vendus 50 F/m3 environ à la S.O.F.O.E.S.T. qui alimente la papeterie de Tarascon.

Ces coupes procurent un petit revenu au propriétaire, lui permettant d'effectuer d'autres travaux.

Elles sont génératrices d'emploi (environ 5 emplois pour une année par 1 000 m3 exploités).

Elles facilitent la pénétration pour la chasse, les activités de loisir, le sport, la promenade, le tourisme.

Bien conduites, elles peuvent participer à l'amélioration du paysage.

Mais que faire des rémanents? (branches coupées)

Lors de débroussaillement, les rémanents de coupes (branches coupées) sont broyées.

Par contre, lors de simples coupes, elles demeurent sur le sol et se décomposent lentement, en enrichissant l'humus et en assurant un abri à la faune, pourvu que les houppiers soient correctement démembrés.

Ces rémanents risquent de propager le feu ou d'entraver la progression des secours.

Si, pour des raisons écologiques et économiques, il est difficile de supprimer partout ces rémanents, créer des discontinuités entre les andains reste souhaitable, par brûlage dirigé, par des passages de broyeur ou par enlèvement des branches.

Une bonne solution , pour les zones les plus sujettes au feu (abords des habitations, des voies ouvertes à la circulation publique, lignes EDF, SNCF, zones d'accueil du public), consistera à les broyer, à condition que les travaux soient mécanisables.

Autres documents de référence

La loi nous donne à présent les moyens de réduire la biomasse combustible dans les espaces naturels méditerranéens: recherchons donc cette amélioration, en concertation, bien sûr, avec tous.

Actuellement dans les Bouches du Rhône, la forêt s'accroît de 1 000 ha par an, et seulement 1/5 du bois produit est récolté.

Soustraire ce bois au feu constitue pour les forestiers une action prioritaire capable à la fois de réduire l'impact des incendies, d'assurer la pérennité de la forêt et de créer une richesse motrice en matière d'emploi.