Pourtant, que la montagne est belle...



La libre pratique des activités de montagne, source de richesses, répond au besoin d'aventure, d'effort physique, d'épreuve de ses capacités et de ses limites, de découverte de l'environnement et des cultures. 

Pourtant, les espaces montagnards sauvages sont fragiles, les écosystèmes et les populations locales sont sensibles à notre intrusion. Il n'y a pas d'endroit dans le monde qui ne soit pas affecté par la pollution. Les sentiers menant au camp de base de l'Everest et le tour des Annapurnas, par exemple, sont devenus de véritables dépotoirs.

Les randonneurs, aussi bien que les guides et les populations, doivent se sentir concernés par l'avenir de l'environnement montagnard. Je rejoins en cela la Fédération Française de la Montagne et de l'Escalade et la directive mondiale pour la protection de l'environnement montagnard. Pour continuer à trouver de beaux paysages, les randonneurs doivent faire un effort pour laisser les lieux intacts. Faire en sorte, comme le disent les guides Lonely Planet, que "seule reste l'empreinte de nos pas".

UN COMPORTEMENT RESPONSABLE
Lorsque vous utilisez, par exemple, des barres nutritives pour soutenir votre effort, trois attitudes se présentent à vous :
* acheter les barres courantes (" treking " par exemple), jeter les sachets individuels plastiques dans la nature, et retrouver partout le long des sentiers du plastique, le votre et celui des autres,
* remporter les sachets non dégradables,
* n'emporter que des emballages dégradables, que vous pourrez brûler, sauf dans les pays comme le Népal où le feu est sacré, ou enterrer. Ou encore des emballages recyclables par les habitants des régions traversées. On trouve difficilement dans le commerce, hélas, de tels emballages, quoiqu'il en existe dans les circuits de distribution " bio " ou " solidaire " ; par contre, il est possible d'enlever avant le départ toute la partie non dégradable des emballages, plastiques par exemple, et de ranger ces barres dans des boîtes légères (Tupperware ou équivalent), qui auront en plus le mérite de protéger les aliments contre l'écrasement.

Pour des marcheurs, ne pas laisser d'ordures représente un effort supplémentaire, bien sûr, mais indispensable et formateur de citoyens responsables de la nature. J'ai le plaisir de constater que la prise de conscience se renforce, que les sentiers de montagne, du Népal aux Calanques, deviennent plus propres et respectés par ceux qui les empruntent.

Cela ne va pas tout seul quand même, ni sans un nettoyage régulier par les associations ou les pouvoirs publics. Et il reste beaucoup à faire dans le domaine de l'éducation.

LES PLUS SALES NE SONT PAS LES PLUS VISIBLES
Les traces que nous laissons sur notre passage sont parfois d'un autre ordre, moins visibles mais plus destructrices. Les propriétaires dressent parfois des fils barbelés en travers des sentiers, pour se protéger du manque de respect des promeneurs, devenu intolérable. Souvenons-nous que la terre ne nous appartient pas, comportons-nous en invités, pas en conquérants.

Pour cela, il convient de respecter les règles de courtoisie de nos hôtes montagnards. Chercher à les découvrir ; ne pas se croire supérieur, ce qui n'est d'ailleurs généralement pas le cas. Respecter leur rythme, leur style de vie. Si nous sommes accueillis, écoutons d'abord, et reconnaissons la supériorité de l'hospitalité sur notre " chacun pour soi ". Acceptons de nous plier aux coutumes locales.

Il faut éviter aussi les cadeaux empoisonnés. J'entends par cela la somme d'argent excessive, qui va déstabiliser une famille, la voiture miniature dans un village accessible seulement à pied et qui va donner à l'enfant l'envie de partir. Sans parler des maladies et des médicaments sans mode d'emploi compréhensible, des sucreries qui laisseront en souvenir des caries.

LA MONTAGNE
Lorsque l'on parcourt des régions montagneuses restées à l'écart du développement, où la vie est rude mais digne, comment ne pas faire le rapprochement avec les montagnes françaises, si vivantes il y a un siècle et désertées aujourd'hui ? Si l'on trouve dans les hautes vallées tant de ruines, ce n'est pas seulement par le fait de la guerre de 14-18, qui a décimé des villages entiers, mais surtout à cause du miroir aux alouettes de la vie en ville. " Ils quittent un à un le pays ", comme dans la chanson de Jean Ferrat, voilà ce qu'il ne faudrait pas provoquer dans les montagnes encore habitées.

Or, aujourd'hui, un développement respectueux de la montagne et des cultures montagnardes est possible. Il est possible de désenclaver sans pour autant construire de route. Le tourisme rural peut apporter le supplément nécessaire sans mettre en péril les économies traditionnelles, à condition de recourir, et d'être porté, par les habitants eux-mêmes. Le village planétaire est accessible partout, même du Dolpo par téléphone satellitaire alimenté par l'énergie solaire. Si nous pouvons aider à une meilleure hygiène et à une meilleure éducation, c'est surtout par des marques de considération que le trekkeur peut se rendre utile, en montrant aux habitants des hautes vallées qu'ils sont reliés, que leur culture est un point de mire, pas une valeur dépassée à oublier au plus vite, que même leur savoir-vivre en symbiose avec un milieu difficile peut montrer la voie à l'humanité. Le rayonnement, en occident, du Dalaï Lama ne s'explique pas autrement, ni les amitiés franco-népalaises.

Plus près de nous, la randonnée et les activités de montagne peuvent contribuer au renouveau de vallées préservées comme celles du Val d'Aoste ou du Queyras, pour ne retenir que deux exemples. Pour reprendre un slogan facile, la montagne, ça vous gagne, jetons aux ordures avant de partir nos comportements urbains. Non seulement les montagnards, mais nous aussi, aurons tout à y gagner.

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